Isi Finkelstein est né à Differdange en 1928, fils d'Abraham Leon Finkelstein et de Sarah Brust, un couple venu de Lublin et Pilzno. Ils ont d’abord ouvert un salon de coiffure à Differdange, puis en 1927 ils ont déménagé à Esch Alzette ou ils ont ouvert une boutique, rue du Brill. C’était l’époque ou la Rue de l’Alzette était occupée par les Juifs locaux - et les Juifs polonais ont créé leurs boutiques dans la rue du Brill. Parlant yiddish maison, et ayant appris le luxembourgeois, Isi excellait à l'école. Mais ses études ont été interrompues par le déclenchement de la guerre. Et sa famille a du fuir le Luxembourg et a été contrainte de se cacher pendant cinq ans en France. Dans son livre, les juifs d’Esch, qu’il a écrit avec Paul Cerf, Isi écrit que le « 10 mai 1940, de bon matin, le ciel nous est tombé sur la tête, la guerre cruelle et impitoyable, la persécution, la fuite. » Isi écrit : « j’ai 11 ans et demi et je ne comprends pas et depuis lors plus rien ne devait être comme avant. D’enfant choyé j’ai muri tout d’un coup, sans y être préparé. » Ces années d’exil l’ont marqué a jamais. Avec ses parents et sa grande sœur, Isi survit la guerre en France, plus ou moins cachés. Ils ont vécu quelque temps a Lodève, ou Isi a pu célébrer sa Bar-Mitswa, dans la cour de la maison d’autres juifs d’Esch (Nathy et Rési Seckler). Pour cela il du aller chercher lui-même, tout seul, en bus, une Torah a la synagogue de Montpellier. Après avoir survécu à la guerre Isi revient à Esch, avec sa famille. Au Lycée ses professeurs étaient gentils et lui permettaient d’écrire ses compositions en français, lorsqu’il ne connaissait pas le mot en allemand. Après avoir obtenu son diplôme, il part pour Paris, pour poursuivre des études de médecine. Mais, après une la douloureuse expérience de l’exil, il était difficile de vivre loin de sa famille. Sous l'insistance de sa mère, Isi retourne à Esch et rejoint l'entreprise familiale, qu’il reprendra. Pendant plus de 40 ans de travail, avec son epouse Regine, Isi gère cette entreprise, avant de prendre sa retraite. Comme jeune homme Isi aimait sortir, s’amuser et participer aux bals et aux autres activités organisées par la communauté juive au Luxembourg et dans la grande région. C’est durant cette période qu'il a rencontré Régine, qu'il a épousée en 1958. Ils ont eu deux filles, Corinne et Ariane. Sa famille était très importante pour lui et il a pris son rôle de père très au sérieux. Mais, il aimait aussi divertir ses enfants, en particulier à table, et les faire rire. Surtout lors de moments de silence. Parfois, à la grande joie de ses filles, il se mettait à chanter. Une fois à Pessah, il est même sauté sur la table! Sa femme et surtout sa belle-mère étaient moins amusées par ces singeries. Isi aimait aussi divertir ses enfants et ceux qui l’entouraient en racontant des histoires amusantes, que – souvent – il inventait. Isi était aussi passionné de football. Il était un fervent supporter de la Jeunesse d’Esch, où il avait une "place réservée" au stade de la frontière, ou il allait tous les quinze jours pour regarder les matchs à domicile. Il aimait aussi regarder les matchs de football à la télévision, et quand l'Italie a battu l'Allemagne de l'Ouest lors de la Finale de la Coupe du Monde en 1982, et tout Esch se réjouissait, il est sorti dans les rues pour célébrer cette victoire. Comme enfant, Isi assistait au Heder d'Esch, chaque dimanche matin, et est resté fidèle à la synagogue toute sa vie. Il était l'un des derniers d'une génération de Juifs qui se sont battus pour la survie du minyan a la synagogue de Esch. Et il assistait – tous les vendredis soirs – aux offices de shabbat, ainsi qu’aux offices des fetes. Il était connu pour ses blagues et ses plaisanteries, jouant souvent avec des mots et des expressions en yiddish. Avec Paul Cerf, Isi a documenté l'histoire de la communauté dans leur livre "Les Juifs de Esch" qui a été publié il y a quinze ans. Cet important travail comprend des histoires et des anecdotes racontées par Isi, qui pendant de nombreuses années faisait également visiter la synagogue aux élèves des différentes ecoles d’Esch. Sur une note personnelle, quand je suis arrivé à Esch il ya six ans, peu après mon arrivée, je me souviens que j’ai rendu visite à Isi pour enregistrer les mélodies des offices dont il était presque le dernier dépositaire. Il était l'un des très rares à cette époque qui participait activement aux offices, en répondant aux chants. Aussi, il me rappelait parfois a l’ordre lorsque, par exemple, j’oubliais de réciter un Kaddish Malheureusement, sa voix se calma ces deux dernières années. Certaines semaines il chantait plus que d'autres, et j’espère qu'il y avait quelque chose de familier lors des offices de shabbat ici a Esch, qui raisonnait en lui. Regine, Corinne, Ariane, Elie, Joshi, Audrey et Elsa - votre mari, père et grand-père était un homme remarquable, et son décès laisse le monde plus pauvre. Pour la communauté Esch, nous avons perdu un patriarche et un de nos plus fidèles membres.
rabbinathan
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